La Hague

La hague

Legende mythe :

Saint Germain la Rouelle et le serpent

Le trou du baligan s’ouvre dans les falaise qui dorment le Nez de Flamanville .Les falaise en cet endroit sont d’un fort beau granit qu’on exploite sur une large échelle.
Le trou du baligan est complètement perdu dans la falaise. Des rochers a pics forment une sorte de vestibule .A droite , la caverne a deux compartiments superposé , séparés par un bloc de granit  , mais on arrive bientôt au fond.
                Le véritable trou du baligan est perpendiculaire à la mer ; il est fort étroit, la fente est peu inclinée, le sol encombré de galet par les flots. On prétend que les premières difficultés vaincues, le passage devient plus facile. On rencontre une marre barrant le chemin ; au delà la caverne s’élargirai et arriverai jusque sous l’église de Flamanville, située sure la hauteur, à un demi lieue de là.
                Sur les parois de la caverne qui sont au grand jour, on voit une végétation qui à la couleur et l’aspect du sang desséché. Cette entrée de la caverne n’est pas ce qu’elle a été autrefois du reste. On a enlevé un énorme bloc de granit dans lesquel une longue ligne onduleuse d’un beau pourpre figurait assez bien un serpent.
                Cet accident du granit se rattache intimement à la légende.
                Un serpent gigantesque, un véritable monstre, s’était établi autrefois dans cette caverne, dont il sortait de temps en temps pour faire une incursion sur la cote et s’emparer de tous enfants qu’il trouvait sur son chemin ; il les emportait dans son antre pour les dévorer, et quand il les avait digérés il se mettait en quête d’une nouvelle proie.
                Ces rapines se renouvelaient à peu près toutes les semaines ; la bête parcourait les hameaux et brisait au besoin les portes et les clôtures pour s’emparer d’une proie à sa fantaisie.
                Les habitants désespérés se décidèrent à faire sa part au monstre et chaque semaine on lui abandonnait par le sort.     
Tout le pays était dans la désolation. On s était naturellement adressé à Saint Georges, le destructeur de monstres, vénéré dans plusieurs paroisse du pays qui portent son nom, mais Saint George était demeuré sourd.
Un matin, on venait d’amener un enfant au serpent, et on s’apprêtait à la lui abandonner, lorsque l’attention de tous fut attirée par un objet singulier. Sur la mer , qui était alors calme et unie, on voyait un homme se tenir debout, une croisse d’évêque à la main, une mitre sur la tête, et une grande chape sur le dos ; il ne marchait pas, il semblait glisser : à mesure qu’il approchait on s’aperçut qu’il était porté sur une rouelle de charrue. C’était Saint Germain La Rouelle.
 La mer était haute, le saint aborda en face du trou du baligan, et marcha droit au serpent. Celui-ci recula et fit un mouvement pour rentrer dans son antre ou sa queue était restée comme celle de certains mollusques lorsqu’ils sortent à demi de leurs coquilles. Le saint lui barra le passage, et lui porta un coup de sa crosse ; l’animal se tordit à ce contact, fit quelques mouvements convulsifs, puis resta immobile et s’incrusta dans un bloc de granit, ou on a pu le voir jusqu’au commencement du XIXeme siècle.
Apres cet exploit, saint germain la rouelle bénit la foule qui s’était assemblée sur la falaise et se confondait en actions de grâce, sans vouloir faire un plus long séjour dans le pays.
Mais les habitants ne l’ont pas oublié. Plusieurs paroisses portent son nom : un plus grand nombre sont placées sous son invocation. A Flamanville entre autres, le jour de la saint germain, les enfants sont con duits solennellement à l’église pour remercier le saint de la destruction du serpent et lui demander sa protection pour l’avenir.
Saint germain est toujours représenté avec un animal à ses pieds. L’animal varie. C’est le plus souvent un petit quadrupède fantastique vomissant des flammes. On place la même bête aux pieds de Saint Gire (saints gilles).
Quelques fois, dit on, on voit des enfants pleurer sans cause apparente et regarder dans certaines directions les signes de l’effroi. Les grandes personnes ne voient rien mais on prétend que les enfants ainsi effrayés voient la bête Saint Germain qui les menace. Pour faire cesser ces apparitions effrayantes, on se rend à l’église avec l’enfant, un prêtre lit sur sa tête l’évangile du jour, on lui fait baiser la tête et l’on s’assure qu’après cela la bête ne se manifeste plus.
Antérieurement à la destruction du monstre, Saint germain avait fait une première apparition à Flamanville. Il était venu demander aux habitants de Dielette un terrain pour bâtir une église avec ses dépendances. On lui accorda tout ce qu’il pourrait entourer d’un sillon de charrue avant le déjeuner.
Grand fut l’étonnement quand, au lieu de la charrue, on le vit se servir de son bâton qui, promené sur le sol, creusait un sillon aussi profond que la charrue y avait passé. Le don se trouva beaucoup plus considérable qu’on ne s’y était attendu, mais on ne contesta pas, et l’église fut bâtie au pied de la falaise. Cette église n’existe plus, parce que la mer, après avoir rongé peu à peu, le terrain environnant, finissait par la menacer. On la démoli au 17eme siècle et reporté sur la hauteur à une demie lieu de là. On montre encore l’endroit ou elle s’élevait. Le cimetière est devenu un pré.


                                                                                                                                             Jean Fleury, 1883

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